y-a-t-il une identité canadienne ?

Publié le par mississauga-in-french

 

 Nombre de canadiens s'interrogent sur leur identité. En effet, comment exister dans l'ombre des États-Unis, à la fois cousins et concurrents? 

D'aucuns regrettent l'absence d'une gastronomie propre, d'un folklore, d'une unité de moeurs et toutes ces choses que l'on appelle des marqueurs identitaires comme «la gastronomie française» ou le «savoir-faire allemand»...

     

A definir la culture comme un ensemble d'éléments définis, stratifiés, on parvient rapidement à un concept exclusif d'une culture comme le produit fini et déterminé d'une tradition.

 

Si l'on définit l'identité comme un processus dynamique, une continuité spatio-temporelle qui absorbe et recrée ses manifestations, alors oui, on peut parler d'une identité canadienne qui donne du sens à certaines pratiques et à divers épiphénomènes.

 

Observons ce qui nous entoure. Chicoutimi, Mississauga, des noms de quartiers comme sweetgrass, les tranches de beef séchées, les barbecues partys, des bâtiments neufs, des migrations internes, un mode d'habitation dynamique...Est-ce que ces éléments ont un lien entre eux ? Est-ce qu'ils ont du sens ?

C'est que nous nous efforcerons de comprendre.  

 

Fréquemment, on entend dire que le Canada est un pays "jeune". On admettra que l'expression n'a pas de sens ni géologiquement ni politiquement ; à moins de définir un pays à travers le concept unique "d'État Nation", avec des corps constitués, régulés par des écrits...Le Canada serait né à l'arrivée des européens, comme Robinson Crusoë qui "découvre" Vendredi et qui lui donne un nom, une identité à partir du jour de leur rencontre?

Avant l'arrivée des européens et de leurs systèmes politiques, il existait des nations Indiennes organisées en fonction de leurs interractions avec leur environnement, leurs ressources et leurs stratégies.

 

Le Canada n'est pas un pays plus jeune que la France. Pas plus que l'histoire n'appartient exclusivement aux peuples de l'écrit.

 

Si le Canada est alors "vieux", quels sont alors ces éléments de continuité entre le Canada des Anciens et celui des "Modernes" ? 

 

Le Canada est depuis des siècles un pays de migrants, tant en interne qu'à l'externe. Depuis des siècles, il se nourrit des arrivées d'anglais, de français, de russes, de pakistanais, de chinois,etc.

 

Malgré tout cette mosaïque incroyable, il y a des éléments de partage et une véritable dynamique identitaire commune.

 

Revenons un peu à nos Indiens natifs. A l'origine, ce sont des peuples plus ou moins nomades qui , en fonction des ressources et de leurs environnements, ont développé une identité politique. Les indiens des plaines diffèrent de ceux des montagnes, des bords de mer ou du grand nord par leurs arrangements politiques, leurs habitats, leurs détermination sociale des sexes, bref, leur culture. Ceux du grand nord se déplaçaient avec les saisons et leurs gibiers alors que ceux des bords de mer étaint plus sédentarisés. Cependant, même les plus sédentarisés ne restaient en place que quelques lunes pour recréer ailleurs leur nouveau monde. Le monde des indiens était celui de l'impermanence, du déplacement, des cycles saisonniers.

 

On retrouve ces cycles aujourd'hui. Dû aux conditions climatiques, il y a un temps pour la construction, pour déménager, pour sortir, pour faire des barbecues et un temps pour se protéger: l'hiver.

Les indiens ne construisaient pas de monuments pour pérenniser leurs traces. La trace est une dimension plus européenne. Ici, les constructions se font rapidemment sur les 6 mois de non-hiver. Elles sont fonctionnelles et rarement designée pour la mémoire. Après un certain temps, les immeubles sont détruits pour être reconstruits. C'est le cas d'hôpitaux, d'écoles, des centres commerciaux...Tout bouge sans affect.  Il existe bien-sûr des associations et des volontés de "conserver" l'héritage, des vieilles maisons, des vieux lieux. Mais qu'attendre d'une ville comme Mississauga qui se définit comme une ville "jeune" de quarante-ans ?

 

Parmi les activités préférées des canadiens, il y a les fameux barbecues, de préférence dans les parcs (notons que étymologiquement, barbecue serait un mot et une pratique des indiens natifs). L'été, pas une party sans barbecue! C'est une institution et le rayon barbecue des magasins est toujours incroyablement achalandé. Encore, se retrouver dans la prairie, à faire cuire sa viande...

 

 

 

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L'identité canadienne est là. Malgré les différentes immigrations, les villes se construisent et se déconstruisent en fonction des saisons et des besoins du moment. Les populations migrent d'une région à l'autre en fonction du marché du travail (=ressources) ou en fonction du climat. Manger sa viande dans la prairie, boire son café tout en roulant ou marchant, acheter un bien immobilier puis le vendre et en racheter un autre plus grand, 5 à 6 fois dans une vie...autant d'éléments de circulation et de dynamisme qui s'imposent comme des véritables marqueurs identitaires. 

 

Le Canada est un pays de migrations, à jamais. Du Nord vers le Sud, de l'Est vers l'Ouest ce qui constitue, d'un point de vue économique, une soupape de flexibilité et d'amortissement des crises.

Une migration dans l'habitat qui reflète l'ascension sociale et qui n'est envisageable que dans un cadre bancaire, institutionnel et sociétal suffisamment dynamique et flexible. A l'opposé, le français s'établit patrimonialement après un certain temps d'activité en investissant dans un seul achat immobilier qui concrétise et achève une réussite.

 

Ici, on a mangé et on mangera encore sa viande dans la prairie.

 

 

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